Cette pierre est remarquable par sa belle couleur vert, nuancée de veines vertes, de teintes différentes. Elle est formée de zones concentriques qui lorsqu’on la taille donnent à la malachite un aspect agréable.
L'exploitation de la malachite débuta en Russie à la fin du XVIIe siècle. La pierre fut étudiée dans les années 1760, notamment par l'abbé d'Auteroche, qui la popularisa auprès des collectionneurs. Mais c'est le XIXème siècle qui demeura le siècle d'or de la malachite largement venue de l'Oural. Les producteurs de malachite, les Demidov, se contentant d'exporter la matière première brute, le travail du matériau restait limité par l'absence de formation des artisans.
Au début du XIXe siècle, alors que l'on réalisait des pièces de plus en plus grandes, on abandonna l'idée de la travailler dans la masse : les trop nombreuses inclusions dans la pierre rendaient en effet le travail quasi impossible. On pensa alors à découper la malachite en lamelles pour l'utiliser en mosaïques" à la manière des Florentins. Dans les années 1820, apparurent des artisans qualifiés à Saint-Pétersbourg, encouragés par des artistes professionnels puis, les manufactures impériales lapidaires de Peterhof et de Ekaterinbourg.
En 1835 à Mednorudyansky, on découvrit une poche de 380 tonnes de la plus belle malachite qui demanda neuf ans pour être dégagée puis douze années pour être remontée à la surface ! Au même moment, de grandes décorations en firent usage : la salle de cérémonie du palais Demidov à Saint-Pétersbourg, le salon des malachites du Palais d'Hiver (Moscou) ou encore la salle du trône de l'impératrice au Kremlin. Le savoir faire russe en la matière fut internationalement reconnu et la pierre verte devint bientôt un signe de richesse et de pouvoir, à l'instar du porphyre.
Cette paire d'aiguières atteste de cette technicité, le travail de mosaïque disposée sur une âme en cuivre puis repolie pour obtenir un lissé parfait, donnant l'illusion d'un bloc unique. La monture de bronze doré, à l'esthétique antiquisante évoluée des années 1830, témoigne de la valeur accordée à la matière.
Une aiguière semblable est conservée dans les collections du musée de l'Ermitage (Semyonov, Malachite, 1987, p. 13, 188 et 222, reprod.). En tous points identiques à la paire ci-dessus, elle n'en diffère que par le cerclage de bronze doré du piédouche d'un modèle cependant très proche.
The Malachite
The use of malachite began in Russia in the late 17th centurv. The stone was studied in the 1'760s, particularly by the Abbot of Auteroche, who popularized it with collectors. But the 19th century was the golden age of malachite, the majority of it coming from the Ural Mountains. The Demidovs, producers of malachite, contented themselves with exporting the raw material in its natural state, since the lack of trained craftsmen made working the material impractical.
As the pieces being made at the beginning of the 19th century got larger and larger, the idea of working in solid malachite was abandoned, since the number of inclusions in the stone renders working it practically impossible. This is when someone had the idea of cutting malachite into thin strips to be used in mosaics, in the Florentine manner. In the 1820s, qualified craftsmen began to appear in Saint Petersburg, first working with professional artists then with the Imperial Stone Manufactures at Peterhof and Ekaterinbourg.
At the same period, elaborate decorating schemes used it lavishly: the Ceremonial Hall in the Demidov Palace in Saint Petersburg, the Malachite Room in the Winter Palace (Moscow) and the Throne Room of the Empress at the Kremlin. Russian skill in using the material was internationally recognized and the green stone soon became a sign of wealth and power, in the same way that porphyry had.
This pair of ewers attests to this technical mastery with the mosaic worked over a structure in copper then polished to obtain a perfectly smooth surface, giving the illusion of a single block. The gilt bronze mounting, with the Classical-type style that evolved in the 1830s, is proof of the value accorded to the materiel.
A very similar ewer is in the collections of the Hermitage Museum (Semyonov" Malachite, L987, p. 13, 188 and, 222, reprod.). Identical in all ways to this pair, it differs only in the bronze surround of the base; it is however a very similar model.
Bibliographie
Catalogue Didier Aaron
Septembre 2010