C couronné

Crowned C mark


Un édit de 1745 fait obligation aux bronziers de frapper leurs ouvrages d'une petite lettre distinctive, un C surmonté d'une couronne, les soumettant ainsi au règlement d'une taxe. Celle-ci s'appliquait aussi bien aux objets qu'aux meubles qui en étaient ornés.



Cette marque qui ne mesure que quelques millimètres (de 2.5 à 5 selon la taille des pièces) a longtemps intrigué les spécialistes. Est-elle la signature du bronzier Caffieri, celle du fondeur Colson ou encore l'estampille de l'ébéniste Cressent ?
Il faut attendre 1924 et la thèse d'Henri Nocq, Le Poinçon de Paris pour apprendre qu'il s'agit d'une marque sanctionnant un impôt payé sur les bronzes et les cuivres entre 1745 et 1749. Comme toute taxe, elle est largement impopulaire et l'on ne compte pas les nombreux procès opposant les artisans aux agents de l’État. Et pourtant l'édit de février 1745 est formel : il s'applique à "tous les ouvrages vieux et neufs, de bronze, de cuivre pur, de fonte, de cuivre mélangé, forgé, moulu, battu, plané, gravé, doré, argenté et mis en couleurs, sans aucune exception".
Chaque artisan doit se rendre au bureau de la marque au "cul-de-sac des Bourdonnais", dans le quartier des Halles, pour y faire insculper le poinçon et s'acquitter de la redevance. Un détail qui a de l'importance : nous sommes à l'époque de la guerre de succession d'Autriche et les besoins militaires sont alors pressants. En février 1749, la paix d'Aix-la-Chapelle est signée et quelques personnalités notent alors la "suppression des petits impôts nouveaux".

Mais en attendant, le poinçon doit figurer sur tout travail de métal cuivreux exécuté ou vendu durant ces quatre années. Le texte précise également qu'il concerne "tout ouvrage vieux ou neuf". Il est donc possible de le trouver sur des pièces antérieures à 1745. Il suffit pour cela que l'objet soit soumis à une nouvelle couche de dorure ou qu'il passe dans le commerce au cours de ces quatre années. Tel est le cas de certains meubles d'André-Charles Boulle, d'époque Louis XIV, mais dont le succès s'est prolongé. Il est donc possible de le rencontrer sur une œuvre antérieure à 1745 -même si cela est rare- alors qu'il sera absent d'un bronze plus récent, sauf s'il s'agit d'un faux.
Même si l'on se limite aux bronzes Louis XV, il est difficile de les dénombrer tant le C couronné semble avoir envahi bronzes d'ameublement et objets de décoration aussi bien à Paris qu'en province au cours de ces quatre années. On sait combien de tels objets furent prisés à l'époque et le succès que connurent les bronziers. Le roi trouvait là le moyen de financer ses campagnes, les artistes une récompense à leur talent. Et si des interrogations subsistent quant aux différentes formes que prit le poinçon, sa découverte demeure un repère précieux pour les amateurs de bronzes Louis XV.

Source bibliographique


"Les Bronzes dorés français du XVIIIème siècle"

Pierre Verlet
Picard Editeur - 1987