Saint-Omer
( Pas de Calais )
Saladin, qui voulait profiter de ses recherches et de son expérience, adressa alors une requête au roi afin d'obtenir l'autorisation d'établir une manufacture de faïence au faubourg du Haut-Pont, en la ville de Saint-Omer. On fit droit à cette requête par un arrêt en date du 14 avril 1750, qui lui donna le droit exclusif pendant vingt années consécutives, de faire de la faïence, façon de Hollande, et de la vaisselle de grès, façon d'Angleterre.
Muni de cette autorisation, Saladin fit l'acquisition le 5 août 1750 d'une maison avec jardin et dépendances au Haut-Pont. L'entrée de la maison était située sur le quai, à quelques mètres de la rivière de l'Aa. C'est donc dans les premiers mois de l'année 1751 que date le commencement de la fabrication, les fours devant être allumés avant le 14 avril sous peine de déchéance de ses privilèges.
Peu de temps après, Saladin fit venir de Rouen Jacques-Adrien Lévesque, qu'il mit à la tête de la manufacture et à qui, l'année suivante, il donna sa fille en mariage. A partir de cette époque, la fabrique ne fut plus connue que sous le nom de Lévesque.
Cette faïencerie prit tout de suite un grand développement. Il fallut donc augmenter le nombre des ouvriers. Cette prospérité n'est pas étonnante, et nous pouvons nous en rendre compte par la quantité des produits qui sont parvenus jusqu'à nous.
C'est parmi les faïences au grand feu que l'on doit rechercher les produits sortis de la manufacture de Saint-Omer.
La couleur de la terre n'est pas d'un grand secours pour identifier ces faïences.
L'émail employé le plus couramment est le blanc qui est d'une couleur laiteuse. Il est doux et gras au toucher.
Les formes sont d'une grande variété. Dans les plats et assiettes, les bords sont toujours uniformément ronds pour la faïence commune, tandis que, pour les beaux services, ils sont au contraire échancrés et contournés comme cela se faisait partout à l'époque Louis XV. Les vases, théières, légumiers, tasses, etc...se présentent sous les formes les plus diverses ; Saint-Omer, en outre, s'était fait une spécialité de soupières ou terrines figuratives, représentant en grandeur naturelle des choux, des poules, des canards, des dindons , des têtes de sangliers. etc....
Les décors que l'on rencontre le plus souvent sont le décor rocaille et le décor au chinois. Ce dernier, presque toujours en violet de manganèse. Quant aux autres décors, ils varient à l'infini. Mais il est à remarquer que, presque toujours, on rencontre sur les objets, soit une mouche, soit un insecte qui sont pour ainsi dire comme la marque de fabrique de Lévesque.
Source bibliographique
Répertoire de la Faïence Française
Publié à l'occasion de l'exposition rétrospective
de la Faïence Française au Musée des Arts Décoratifs
Sous la direction du Docteur Chompret
Paris, Serge Lapina Imp. - 1935