Acajou



L'histoire de l'acajou commence en 1492 lorsque Christophe Colomb débarque en Haïti. Les Espagnols sculptent aussitôt dans ce bois une croix destinée à marquer l'emplacement de la future cathédrale de Santo Domingo ( Cette croix, datant de 1514 est toujours conservée dans l'une des chapelles de la cathédrale ).

Le mot acajou vient du nom de la résine dont on enduisait les extrémités des billes pour les protéger pendant le transport ; cette résine provient d'un arbuste, l'Anacardium occidentalis, ou cajou, d'où l'appellation " bois à cajou".

Les Anglais pendant quelque temps se servent du mot acajou, mais trouvent bientôt une autre dénomination : les indigènes des Caraïbes nomment les arbres "mothogany" dont on a tiré mahogany. Linné en fait découler le mot latin Mahagoni en 1761, lorsqu'il attribue un nom scientifique à l'espèce qui pousse dans les grandes Antilles.

Le terme scientifique Swietenia date de 1760 à l'époque où le botaniste Nicolas-Joseph Jaquin de Leyde crée ce vocable en l'honneur de son compatriote le Baron Gérard von Swieten, botaniste et physicien de Marie-Thérèse d'Autriche.

Deux variétés d'acajou issues des Antilles et d'Amérique Centrale sont utilisées au cours du XVIIIème siècle :


Acajou - Mahogany - Baywood - Mahagoni




Acajou de Cuba

Swietenia mahogani
( Meliaceae )




Habitat : Antilles
Aujourd'hui à peu près épuisé
Depuis 1946, Cuba en interdit l'exportation


Caractéristiques :

Hauteur de l'arbre : 30 mètres




Acajou du Honduras

Swietenia macrophylla
( Meliaceae )



Habitat : Amérique Centrale

Caractéristiques :

L'arbre à croissance rapide peut atteindre 35 à 40 mètres. Les billes sont de plus grandes dimensions que celles de l'acajou des Antilles.

Couleur :

La couleur est plus claire que celui de Cuba. Son grain est moins fin et le fil est droit.

Utilisation :

L'Espagne, dès 1520, et l'Angleterre, dès 1699 commencent à importer de l'acajou. En France, avant le XVIIIème siècle, les importations sont mal connues bien que Labat, vers 1700, parle de ce bois qu'il a trouvé en Guadeloupe.

Le plus ancien document que nous avons trouvé attestant la fabrication de meuble en acajou est l'inventaire après décès (1719) de l'ébéniste de la Couronne Joseph Poitou.

Au début du XVIIIème siècle, l'ébénisterie parisienne est encore dominée par l'emploi des bois sombres. C'est seulement avec la Régence que lentement le goût de la riche clientèle évolue et que l'emploi des bois exotiques de couleur se généralise.

Il faudra attendre la commande de Madame de Pompadour à Lazare Duvaux en 1756 pour le château de Crécy pour donner à ce bois toutes ses lettres de noblesse.
Dès lors l'acajou va supplanter pendant presque cinquante ans tous les autres bois exotiques. Son utilisation est favorisée par le changement de style : nous sommes à la veille du "retour à l'antique" et l'acajou s'avère être le bois idéal pour doter les meubles de surfaces rectilignes. Il est possible d'utiliser des veinages variés.

Si l'acajou massif continue à être employé pour de très beaux meubles, la technique du placage est la plus courante : dans l'atelier d'Oeben en 1763, il y a 20 feuilles et quelques morceaux d'acajou ; chez Gilles Joubert en 1775, il n'y a aussi que quelques morceaux d'acajou et chez Roussel en 1783, outre 1427 livres de bois, il y a de nombreux meubles plaqués d'acajou prêts à la vente. C'est aussi le cas pour Carlin.

A cette époque, l'approvisionnement en acajou est régulier. A partir de 1782, les importations de bois augmentent. La prédominance de l'acajou tend à s'affirmer.

Les plus grands ébénistes de cette fin de siècle, dont Georges Jacob, en font grand usage.

La Révolution ne met nullement fin à la carrière de ce bois dont l'approvisionnement doit être difficile, les ateliers ont des stocks sans doute très importants, puisque même le blocus continental (1806) et l'interdiction de Napoléon (1810) d'employer ce bois n'arrête pas la fabrication de meubles en acajou.



Sources bibliographiques

Les bois d'ébénisterie dans le mobilier français

Jacqueline Viaux-Locquin
Paris Léonce Laget - 1997



Bois
Essences et variétés

Jean Guillano
Editions H. Vial - 1996