Saint Martin
Apôtre des Gaules. Evêque de Tours V. 317-397
Fête le 11 novembre
Martin partageant son manteau
Légende dorée - 1483
Légende dorée - 1483
Vie et Légende
Pendant tout le Moyen Age et une partie de l'époque moderne, Martin fut en France le saint le plus populaire.
Né en Pannonie ( la Hongrie actuelle ), Martin est enrôlé très jeune dans l'armée romaine et sert en italie, puis en Gaule. C'est dans ce dernier pays que se situe l'épisode le plus fameux de sa vie, celui de la "Charité" : un jour d'hiver de l'année 337, se trouvant en garnison à Amiens, Martin rencontre près d'une porte de la ville un mendiant nu et grelottant de froid : il coupe alors son manteau et en donne une moitié au pauvre qui l'implore ( une tradition tardive précise qu'il ne donne que la moitié de son manteau parce que l'autre ne lui appartient pas, mais est la propriété de l'armée romaine ). Pendant la nuit qui suit, le Christ, revêtu du demi-manteau donné au pauvre, apparaît en songe à Martin et le remercie pour ce geste de charité. Martin décide alors de quitter l'armée romaine et de se convertir. Quelques années plus tard, il reçoit le baptême et se met au service du grand saint Hilaire, évêque de Poitiers.
Ayant fondé le monastère de Ligugé en Poitou, Martin acquiert peu à peu une grande renommée et , en 370, est élu évêque de Tours. Il remplit sa charge épiscopale pendant vingt-six ans, mais continue de vivre en moine, au monastère de Marmoutier qu'il fonde sur la rive droite de la Loire et qui devient rapidement un des plus grands monastères d'Occident. Jusqu'à sa mort, en 397, à l'intérieur de son diocèse mais aussi dans toute la France de l'Ouest, Martin fait oeuvre de missionnaire dans les campagnes, convertissant les populations, détruisant les temples païens, fondant des églises et des monastères. Cette oeuvre lui vaut le surnom d' "apôtre des Gaules".
La légende a ajouté beaucoup d'épisodes à cette vie déjà très riche, et a contribué à étendre le culte de saint Martin dans toute la Chrétienté. Ce culte avait son centre à Tours, près du tombeau du saint, but d'un des plus importants pèlerinages d'Occident. C'était là qu'était gardée la fameuse chape, la plus précieuse de toutes les reliques d'un saint conservées en France pendant le haut Moyen Age ; les rois mérovingiens et carolingiens en firent un emblème dynastique et national. L'espace où cette chape était vénérée a donné naissance au mot "chapelle".
La toponymie a conservé témoignage de l'intense diffusion du culte de saint Martin. En France, aujourd'hui encore, plus de 500 communes et près de 4000 paroisses portent son nom.
Saint Martin était le patron des soldats et des cavaliers, ainsi que des drapiers, des fourreurs et des tailleurs ( dont de nombreuses enseignes reproduisent l'épisode du partage du manteau ). Il était aussi, avec saint Denis et saint Louis, un des partons de la monarchie française.
A la Saint Martin, les paysans célébraient la venue de l'hiver en faisant ripailles ( parfois, on tuait le cochon ), en allumant de grands feux et en payant leurs dettes, leurs loyers et leurs redevances. Ils devaient payer leur redevance en volailles, et il était d'usage de manger une oie ce jour-là. C'est pourquoi l'oie est parfois l'attribut de Martin. La Saint-Martin était un des temps forts du calendrier rural.
Représentations
L'iconographie de saint Martin est à l'image de son culte : prolifique. Le saint est figuré tantôt en soldat romain, tantôt en évêque.
Dans la scène de la Charité -peut-être la plus représentée de toute l'hagiographie médiévale ( Van Dyck, XVIIème siècle, Windsor Castle )- il est vêtu en soldat, doté d'un ample manteau et généralement monté sur un grand cheval ( en Allemagne, toutefois, il est à pied ) ; le mendiant presque nu qui se tient à la porte de la ville d'Amiens est parfois assimilé au Christ et donc nimbé.
Dans la scène de la Charité -peut-être la plus représentée de toute l'hagiographie médiévale ( Van Dyck, XVIIème siècle, Windsor Castle )- il est vêtu en soldat, doté d'un ample manteau et généralement monté sur un grand cheval ( en Allemagne, toutefois, il est à pied ) ; le mendiant presque nu qui se tient à la porte de la ville d'Amiens est parfois assimilé au Christ et donc nimbé.
Dans les scènes de son épiscopat, ainsi que dans celles -nombreuses- où il déjoue les embûches du Diable, Martin est en prélat, avec mitre et crosse. Dans la scène de la "seconde Charité" ( dite aussi "messe de saint Martin" ), il célèbre l'office vêtu d'une pauvre tunique parce qu'il vient de donner sa tenue de pasteur à un pauvre, rencontré en chemin ; deux anges, précédés par un globe de feu, descendent du ciel pour le vêtir plus dignement.
Parmi ses miracles, le plus souvent représenté est celui du pin abattu : luttant contre le culte païen des arbres, Martin demande à des paysans d'abattre un pin par trop vénéré ; ceux-ci acceptent à condition que le saint s'y laisse attacher du côté où il devait tomber. Martin s'exécute, mais d'un signe de croix, il réussit au dernier moment à détourner la chute de l'arbre de l'autre côté.
Martin est aussi représenté protégeant les animaux, notamment les ânes et les chevaux. La légende dorée raconte qu'ayant entrepris un voyage à Rome, Martin voit son âne dévoré par un ours pendant la traversée des Alpes ; furieux, le saint fait de l'ours une bête de somme et lui ordonne de porter ses bagages jusqu'à Rome.
Attributs :
Manteau. Habit de soldat romain. Ours. Ane. Cheval. Oie.
Source bibliographique
La Bible et les Saints
Gaston Duchet-Suchaux
Michel Pastoureau
Flammarion, Paris - 1990