L'Ornementation


Sommaire

Les Moulures
Les Ornements géométriques
Les Ornements issus de la Flore
Les Végétaux dans l'ornementation
Les Palmettes
La Flore ornementale
Les Rosaces
Les Fruits
Les Coquilles
La Rocaille
Les Cartouches
Les Rubans
Le Bestiaire ornemental




Les Moulures



Les moulures accompagnent les décors sculptés en leur servant de support ou de cadre. Elles se décomposent en une vingtaine de profils simples qu'il est important de connaître avant d'aborder les profils composites. Car elles peuvent s'associer les unes aux autres et former, avec plus ou moins de bonheur, des encadrements sur lesquels vient s'accrocher ou mourir, la sculpture.

Les moulures droites s'obtiennent dans le bois généralement avec des bouvets ou une toupie. Les moulures courbes sont soit poussées à la toupie, soit sculptées à la gouge et terminées au tarabiscot. Mais on est dans l'obligation, parfois, de les sculpter à la gouge.

La baguette en jonc épouse la forme d'un demi-cercle
(fig. 1). Elle se taille d'abord au carré comme un listel, puis en rond avec une gouge droite inversée ou une gouge contre-coudée.

Le listel s'obtient soit avec le burin, soit avec un fermoir frappé à la verticale sur ses côtés (fig. 2).
La plate-bande n'est qu'un listel large et se taille de la même façon (fig. 3).
Le congé raccorde deux plans parallèles. il suffit donc de les établir et de les raccorder avec une gouge creuse (fig. 4).

Les cavets, droit et renversé, s'obtiennent en creusant une courbe irrégulière dans la section de la moulure. Ils nécessitent donc un tracé précis et une taille parfaite
(fig. 5 et 6).

Les quarts de rond, droit et renversé, s'obtiennent aisément à la gouge du fait de leur forme bombée
(fig. 7 et 8).


Quant à la gorge, le passage de deux coups de gouge est souvent nécessaire pour vaincre le fil et le contre-fil du bois (fig. 9). Il en est de même pour le boudin qui n'est qu'une grosse baguette (fig. 10).
Le talon droit, le talon renversé, la doucine droite et renversée, sont des moulures composites à l'exécution fort délicate. Les deux arcs de cercle qui les composent sont sculptés l'un après l'autre en se référant à un tracé précis (fig. 11 à 14).

Le carré se défonce directement au fermoir ou au burin, ainsi que le grain d'orge et l'élégi (fig. 15-17-18).La scotie, qui est un bec de corbin en négatif et inversé, se taille avec plusieurs gouges creuses pour obtenir une courbe harmonieuse (fig. 16). Le bec de corbin est un profil en fragment d'élipse particulièrement apprécié au XVIIIème siècle pour habiller les plateaux de marbres sur leur tranche (fig. 19).













Les Ornements Géométriques



Les ornements géométriques employés en frises et en fonds furent utilisés dès l'Antiquité pour décorer les architectures extérieures et intérieures des édifices. Ne nous étonnons donc pas s'ils prennent une part importante dans certains styles dont l'inspiration provient des architectures grecques et romaines.

Ils sont la source d'innombrables combinaisons décoratives qui s'appliquent sur toutes sortes de surfaces lisses, planes incurvées ou bombées. La diversité de ces ornements et l'attrait rythmique qu'ils provoquent contraste avec leur facilité d'obtention : ils sont souvent laissés aux apprentis. Leur taille ne manque pas d'intérêt pour autant et requiert beaucoup de méthode. Le niveau principal déterminé, chaque motif est tracé au crayon sur le bois, à l'aide d'un compas ou d'un gabarit.


Puis la taille commence. Chaque silhouette est frappée verticalement avec une gouge de pas (gouge dont le profil correspond exactement au contour à frapper). Les fonds sont ensuite dégagés avec des gouges méplates coudées. Ces deux opérations sont recommencées autant de fois qu'il est nécessaire, jusqu'à l'obtention des niveaux définitifs des fonds. Le modèle est créé avec le minimum d'outils, car les ornements plats comme les exemples n° 10, 31 et 34 ne requièrent que l'aide d'un fermoir, les exemples n° 1, 2, 3, 4, 5, 8, 9, 24 et 32 celle d'un fermoir droit et d'un autre coudé. Les autres modèles ne nécessitent qu'une ou deux gouges supplémentaires.

Ces outils se choisissent en fonction de leur profil, mais aussi de leur largeur, pour, en prenant les dimensions optimales, réduire au minimum le nombre de coups à donner. Dans ce souci de rentabilité, chaque gouge ou fermoir n'est reposé qu'après avoir été utilisé au maximum de ses possibilités sur tous les ornements. Dans l'exemple
n° 1, toutes les dents de scie sont frappées à la verticale, puis le sculpteur change d'outil et dégage les copeaux en série. Cette méthode accroît la ressemblance des motifs, tout en offrant un gain de temps appréciable.



 
  





Les Ornements Issus de la Flore






La flore est une source d'inspiration très importante dans l'ornementation. Les feuilles et les rameaux de plantes ou d'arbres, les fleurs épanouies ou en boutons, sont stylisés et appliqués sur des surfaces planes ou moulurées. Certains motifs comme la feuille d'acanthe ou les rameaux d'olivier traversent tous les styles, d'autres comme les tamis de fleurettes se limitent à des périodes bien précises.

La sculpture de ces ornements s'exécute avec beaucoup de méthode. Le volume enveloppant déterminé, les motifs sont tracés et taillés selon la technique traditionnelle : frappe verticale, puis dégagement du copeau et indication du volume.

Les divisions et reports se font au compas droit. Puis le sculpteur trace les verticales ou les horizontales qui servent de grille à la frise, et taille directement la nervure de l'ornement. Vient ensuite la frappe verticale qui indique les contours.

Ces motifs, tout comme les motifs géométriques, s'obtiennent en peu de temps et nécessitent peu d'outils. Prenons le cas du rai-de-coeur. La gouge qui frappe l'arrondi situé contre le listel est la même que celle qui frappe la feuille. Elle servira également à obtenir le volume bombé en un coup piqué, et les deux plans incurvés de la feuille. Un fermoir coudé de 1 mm de largeur et une gouge à bretter droite seront utiles, l'un pour dégager le copeau triangulaire, l'autre pour frapper les yeux.












Les Végétaux dans l'Ornementation
du XVIIIème Siècle




Trophée antiquisant
Début XVIIIème siècle
(Château de Versailles)



La domination de la feuille d'acanthe s'estompa au début du XVIIIème siècle. Le Roi Soleil désirant apporter un peu de renouveau dans l'ornementation, ses fidèles serviteurs s'empressèrent de se libérer d'un style vieux d'un demi-siècle. Les rameaux de laurier et de chêne firent une timide apparition, à l'ombre de la coquille et de la rocaille.

Il nous faut patienter jusqu'au milieu du règne de Louis XV pour voir enfin triompher le règne végétal avec des rameaux d'olivier, d'oranger, de laurier ou de chêne, ainsi que des plantes aquatiques comme les joncs.
Traités au naturel ces feuillages, souvent couverts d'une polychromie haute en couleur, avaient une fonction décorative très appréciée. Mais hélas ! Cette mode, si elle était très suivie à la cour, le fut avec plus de retenue en province.

La taille des végétaux suit le processus général en vigueur jusqu'à l'ancien régime, qui utilise au maximum les capacités du burin. Elle était guidée par un modèle maintenu artificiellement en état de fraîcheur et de pose par trempage dans un bain de cire, de gélatine ou de plâtre.




Couronne de rameaux d'olivier

 


Rameaux d'oranger



Gerbe de laurier fleur

 



Botte et gerbe de joncs



Feuille d'eau





Les Palmettes


Si les historiens s'accordent entre eux pour dire que la forme initiale de la palmette est inspirée du lotus sacré des Egyptiens, appelé par Hérodote le lis rosé, il n'en est pas moins vrai qu'elle s'en éloigne très rapidement pour prendre des allures très diverses. A tel point, que le seul lien entre ses différentes présentations reste une ordonnance géométrique en éventail.
Les feuilles de palmier, d'acanthe et même des flammes constituent ses différentes parures.
Traitées dans l'Antiquité par deux facettes (fig. 2) les feuilles se modifient ensuite en boudins (fig. 3).

Au XVIIème siècle, elles s'habillent d'acanthe et prennent des allures fantaisistes : la palmette flammée en atteint le sommet (fig. 9).
Le nouvel attrait de l'Antiquité à la fin du XVIIIème siècle impose cet ornement dans le décor, en revenant à sa forme primitive (fig. 10, 11, 12).








La Flore Onementale




Fig. 12 : guirlande
Fin du XVIIè , début XVIIIè siècle



Comme les feuilles, les fleurs inspirent de nombreux sculpteurs au fil des siècles.
La fleur de lys qui devient dès le Moyen Age l'emblème des rois de France est assurément celle qui fut la plus usitée sous des formes très diverses. On la trouve dès le XIème siècle stylisée avec trois pétales, mais ce n'est qu'à partir de la fin du XIIème siècle qu'elle prend l'ampleur que nous lui connaissons (fig. 1). Elle subit quelques variantes de détails, se gonfle, s'arrondit, s'enrobe même de feuilles d'acanthe de la Renaissance (armes de la ville de Florence) au XVIIème siècle (fig. 2), puis reprend une apparence plus naturelle (fig. 3) pour devenir une copie fidèle de la nature au milieu du XVIIIème siècle.



Les fleurons sont une transposition de boutons de fleurs (fig. 4). ils furent mis à la mode dès le Moyen Age, avec l'art Roman. Ils ne deviennent un élément important du décor qu'à partir de la Renaissance, en servant de charnière aux variations ornementales. Au XVIIème siècle, chaque culot, rinceau ou crossettte, se pare d'une succession décroissante de fleurons (fig. 5).

Le règne du Roi Soleil favorise l'expansion ornementale de l'héliotrope (fig. 6). Cette fleur appelée communément soleil ou tournesol suit chaque jour les évolutions de l'astre, soumise à son bon vouloir. Elle symbolise la fidélité du peuple au roi. Il n'est donc pas étonnant qu'elle soit partout à Versailles, sur les boiseries, sur les pieds des consoles, sur les vases, etc. Les galbes et les quadrillés sont obtenus dans l'épaisseur de l'apprêt.



Les marguerites et les dahlias sont deux fleurs mises à la mode vers le début du XVIIème siècle (fig. 7 et 8). Elles ornent principalement les cadres dits "à bouquets". De facture assez brute, tous les détails sont abandonnés au doreur lors de la réparure.


Ce n'est qu'à partir de la seconde moitié du XVIIème siècle que la sculpture s'allège et qu'apparaissent de nouvelles variétés de fleurs. Des bouquets de roses, de marguerites et de violettes surgissent des cornes d'abondance (fig. 9) sur les lambris.



La fin du XVIIème et le XVIIIème siècle voient apparaître de nombreuses compositions florales traitées au naturel où les myosotis, les pâquerettes et les lilas viennent renforcer la flore ornementale. Des chutes, des guirlandes et des couronnes de fleurs servent de thèmes principaux à la décoration (fig. 11, 12, 13).




Le traitement de surface de la flore suit la même évolution que celle des feuillages. Les grandes surfaces planes agrémentées de profonds coups de brettés du début du XVIIème siècle laissent la place aux volumes et coups de brettés plus délicats, pour finir par épouser les formes naturelles à partir de la seconde moitié du XVIIIème siècle.Les volumes se rapprochant de la nature sont moins saillants et s'affinent au point de disparaître parfois dans l'épaisseur de l'apprêt. Face à ce nouveau concept, l'épaisseur des "enduits" diminue. Comme ils ne sont plus gravés pour recevoir les coups de brettés et autres réparures, leur composition est modifiée pour les durcir et les rendre moins épais. L'apprêt fait de colle de peau de lapin et de craie (blanc de Meudon) est délaissé au profit d'un apprêt chargé de kaolin. Les douze couches d'apprêt sont alors réduites à trois, et en plus, l'apprêt au kaolin se rétracte en séchant du fait de sa structure lamellaire.Nous observons alors une différence d'épaisseur réduite de 2 mm à 0.5 mm. Mais l'apprêt chargé au kaolin est d'un emploi très délicat et désaffûte les fers à réparer. Pour ces raisons il sera délaissé dès le XIXème siècle lorsque la sculpture reprendra des formes plus grossières.





Les Rosaces





Fig. 1 : Rosace Régence
Château de Versailles
Début XVIIIème siècle



Les rosaces sont des ornements, en forme de rose ou d'étoile. Issues de la rose en fleur, elles s'en détachent rapidement pour se vêtir de feuilles d'acanthe, de palmier ou d'autres végétaux.
Au XIème siècle, elle ressemblent à une roue édentée (fig. 2). Puis elle se parent de feuilles d'acanthe épineuse (fig. 3) et de feuilles de lilas (fig. 4).

Au XVIIème siècle elles deviennent une variation de feuilles d'acanthe molle, et se placent au centre des compositions (fig. 5).
Elle subissent quelques modifications au XVIIIème siècle en prenant les allures de l'acanthe (fig. 5 et 6).
Au XIXème siècle, l'acanthe est délaissée et les rosaces se parent de feuille de palmier et de feuilles d'eau, comme dans les modèles antiques (fig. 7 et 8).

Le rôle des rosaces se limite alors à une décoration éparse. Elles subsistent quelque temps encore sur les têtes de pieds des sièges, puis disparaissent avec la fin du style Louis-Philippe.
Ornement parfois composite, il n'existe pas de règles particulières pour sa sculpture. Mais le tracé doit être rigoureux pour obtenir un effet de rayonnement maximal. Aidé de son compas, le praticien délimite les circonférences et les divisions qui forment l'armature sur laquelle viendront se fixer rameaux, moulures, fleurs et feuilles.










Les Fruits




Fig. 3 : corbeille
Louis XIV



Les fruits n'échappent pas à l'attention des ornementalistes. Leurs formes rondes sont souvent mises à contribution pour égayer les lambris. A l'opposé de la feuille d'acanthe qui s'éloigne de son aspect naturel au fil des siècles leurs volumes sont reproduits le plus fidèlement possible. Employés en nombre, ils dégagent une sensation d'opulence.

Le fruit le plus employé est bien sûr la grappe de raisin. Son aspect très décoratif s'agrémente d'une connotation symbolique. Représenté sur le pied de vigne dans les bas-reliefs du XVIème siècle, ou débordant de cornes d'abondance et de corbeilles, il est de tous les styles et de toutes les factures (fig. 3).

Viennent ensuite les pommes et les poires (fig. 5), puis avec l'évolution du commerce, au XVIIIème siècle, les citrons, les oranges et les grenades (fig. 6) ; au XIXème siècle les ananas et les bananes.





Leur présentation suit la mode, légère et ronde au XVIème siècle, grossière à la fin du XVIème siècle, puis redevient plus gracieuse au XVIIème siècle. C'est au cours du XVIIIème siècle, avec le courant naturaliste, qu'on note les plus belles représentations de fruits. Le XIXème siècle, plagiant tous les styles précédents, ne produit que des compositions sèches et disgracieuses.

La sculpture des fruits ne revêt pas de grandes difficultés. Ils n'inscrivent (à l'exception de la banane qui ne fut importée qu'à la fin du XIXème siècle) tous dans une sphère plus ou moins déformée. Le praticien, après avoir déterminé ses masses générales, sculpte les parties émergentes en forme de boules. Lorsque tous les fruits sont ainsi mis en place, il indique leur orientation en respectant les formes ovoïdes, puis fait figurer sommairement les points d'attache, les divisions et les extrémités.

La finition dépend ensuite du concept de l'époque, sans oublier l'existence de la polychromie !









Les Coquilles





Fig. 5 : XVIIè, début XVIIIè siècle



E
mblème des pélerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle, la coquille du Jacobeus Pecten inspira de nombreux artistes dès l'Antiquité. On la trouve alors sous son aspect naturel dans des grotesques d'où jaillissent des jets d'eau ou des bottes de joncs.

Ce n'est qu'à partir du XVIIème siècle qu'elle subit l'influence des ornemanistes, s'agrémentant de volutes, de feuilles d'eau ou d'acanthe.
Son ordonnace en éventail la prédispose aux points clés du décor. Elle est généralement le départ de rinceaux, festons ou crossettes symétriques.
Sa sculpture nécessite de la rigueur à l'ébauche, comme à la finition. Il faut d'abord déterminer avec précision le volume enveloppant, puis creuser les cannelures après les avoir tracées au crayon. L'extrérieur est ensuite taillé selon l'épaisseur de la coquille puis c'est au tour des volutes de prendre leur aspect définitif. Ceci s'exécute avec des outils coudés et contrecoudés, ce qui requiert une certaine habileté pour ne pas déraper.









La Rocaille






Elle s'agrément de fleurs, de feuilles d'acanthe ou de joncs (fig. 3, 4 et 5) et forme des motifs principaux d'où part le décor.
Son exécution suit la même procédure que la taille des coquilles, avec plus de fantaisie quant au volume enveloppant.
Les palmes et les rinceaux associés aux formes anciennes débordent de l'architecture dissimulant les lignes principales, sous des formes capricieuses, multipliant les courbes, prodiguant des volutes, des retroussis et finissant par ne rappeler que très vaguement le souvenir des coquillages, point de départ de cette révolution singulière.


Composition rustique qui imite les rochers naturels ou des fragments de conques marines, la rocaille est l'élément décoratif typique du début du XVIIIème siècle en Europe. Empruntant d'abord ses éléments à la géologie, elle s'empare bientôt de la zoologie, par le biais des coquillages, puis de la botanique avec les feuillages. Elle prend naissance en Italie et s'épanouit en Allemagne avec le style roccoco. En France, elle n'en suit pas les débordements et resta assez concise malgré le désir des ornemanistes. Sa version la plus simplifiée est un fragment de coquille Saint-Jacques (fig. 2) qui peut être placé seul entre deux crossettes d'acanthe ou imbriqué dans d'autres fragments formant des combinaisons variées.




Fig. 1 : ordonnances de rocaille










Les Cartouches






Fig. 1 : fin du XVIè, début du XVIIè siècle



Les cartouches sont des ornements dont le centre est une surface bombée destinée à recevoir des armoiries ou des inscriptions de toutes sortes. Ils succédent aux boucliers, tables et banderoles du Moyen Age sur lesquels étaient peints des blasons ou des inscriptions.

Composés à l'origine d'enroulement de cuirs et de boucliers, ils s'affirment dans le décor avec l'école de Fontainebleau (fig. 4), en affectant la forme de carte à demi déroulée, contenant au milieu un champ libre, ménagé pour recevoir une inscription.
Du bouclier, il ne reste bientôt plus qu'une surface bombée ovoïde entourée de cuirs (fig. 1).


Il faut patienter jusqu'au XVIIème siècle pour noter un changement important dans les cartouches. Le cuir cède la place à la rocaille (fig. 2 et 5).
Le XIXème siècle n'apporte aucune nouveauté dans ces ornements.
On ne peut pas émettre de conseils spécifiques quant à leur taille, car ils sont trop différents selon les styles. En règle générale, on recherche d'abord le volume de la partie bombée.
Puis c'est au tour des masses voisines, mais sans entrer dans les détails. Les ajours et refends ne sont percés qu'au dernier moment, car ils ôtent définitivement toute possibilité de repentir. Les enroulements de cuirs s'inscrivent au défonçage dans des boules que l'on raccorde à l'aide de larges méplates.
De part la symétrie de ces ornements, la progression de la sculpture est répartie uniformément.







Les Rubans






Les rubans noués en sautoir apparaissent à la Renaissance. Ils suspendent alors des grotesques sur les lambris, ou raccordent entre eux deux rinceaux d'acanthes. Les rubans de la Renaissance s'identifient aisément par leurs noeuds fins et serrés, et par le jeu de masses symétriques et étroites (fig. 1 et 2).
Ils s'alourdissent ensuite en devenant larges et plats pendant le XVIIème siècle (fig. 3).
Ce n'est qu'au début du XVIIIème siècle qu'ils gagnent en élégance et copient les effets naturels (fig. 4).
Avec le retour au classicisme, les plis deviennent plus fins et s'inspirent des tissus de soie (fig. 5).
A partir de la fin du XVIIIème siècle, les rubans qui ornent très souvent les frontons des cadres des glaces, sont rapportés et cloués. Ils sont alors fixés par collage sur une planche de bois pendant la sculpture et détourés à la scie.












Le Bestiaire Ornemental





Fig. 2 : léopard
Roman



Les animaux ont toujours eu leur place dans les styles français, qu'ils soient imaginaires comme les dragons, ou réels comme les singes et les oiseaux.

Au Moyen Age, ils participent à des variations ornementales, par des effets répétitifs comme dans les frises (fig. 3) ou par l'apport d'un décor géométrique de surface (fig. 1 et 2).

A la Renaissance, ils figurent en entier au naturel ou fragmentés avec des allures fantastiques. Les têtes, qui surgissent de rinceaux d'acanthe, s'éloignent du modèle initial, le prétexte étant uniquement décoratif (fig. 5, 6, 7 et 11).

Parfois le sculpteur crée des animaux à visage humain comme les sphinges à corps de lion (fig. 8, 13, 15) ou les chimères dont la tête et le buste humanoïdes se greffent dans des rinceaux d'acanthe (fig. 9 et 10).

Mais le summum de cet imbroglio est le protome de griffon ailé sur jarret de lion. Il se compose d'une tête de lion dont la crinière est faite de trois rangées de palmes, d'une poitrine sur laquelle se greffe une paire d'ailes disposées en arrière et d'un jarret de lion sur le dessous (fig. 16).

Mis à la mode par Jacob Desmalter qui l'exécuta pour le fauteuil du bureau de Napoléon 1er au Grand Trianon, ce modèle connut une vogue pendant le 1er Empire.On n'observe plus, passé le milieu du XIXème siècle, de nouveautés notoires dans le bestiaire ornemental.
Le Moyen Age fut assurément l'époque féconde où animaux féroces à tête de lion et corps d'ours ou de serpent, étaient coutumiers. Les animaux issus des légendes prirent une place importante, comme les dragons. Parfois à la tête du monstre était substituée celle d'un "ami" du sculpteur, réalisant une petite vengeance personnelle.
La forme revêtait moins d'importance que le message, et la finition faisait le reste grâce à une polychromie éclatante.
La Renaissance diminua l'importance des monstres au profit des têtes de chiens et de dauphins. Il nous faut patienter jusqu'au XVIIIème siècle pour noter un souffle nouveau avec l'arrivée de l'exotisme. Puis le classicisme renouera jusqu'à la fin de ce siècle avec la grande tradition gréco-romaine.














 


 











Bibliographie

 
"Sculptures sur Bois"
Techniques Traditionnelles et Modernes
Gilles Perrault
Editions H. Vial - Février 1991