Bois de Violette

Dalbergia Cearensis
(Fabaceae)


Habitat : Brésil (Forêt Atlantique)

Caractéristiques :

Hauteur de l'arbre : 15 à 20 mètres

Couleur :

Violet veiné noir, veines plus vives que le palissandre, mais irrégulières.
Le grain est serré, fin et irrégulier.




Bois de Violette - Kingwood - Königsholz



Il est extrêmement difficile d'étudier ce bois. Très voisin du palissandre, il est aussi confondu avec l'amarante qu'on appelle fréquemment "bois violet". Pourtant bois de violette et amarante sont fournis par des espèces différentes. Le bois de violette figure dans la nomenclature sous le nom de Palissandre de violette.

Utilisation :

Dès 1696, le père Labat a compris qu'il existait deux bois différents : le bois violet et le bois de violette. L'inventaire du mobilier de la Couronne recense beaucoup plus de meubles en bois violet qu'en bois de violette, mais à cette époque, la différence entre ces deux bois est-elle rigoureuse ?

Les inventaires du début du XVIIIème siècle, Guillemart (1708), Ferlu (1718), parlent de bois violet et dans des ventes successives des meubles de l'atelier de Cressent on trouve, aussi bien bois violet, que bois de violette ou amarante. Boulle a aussi du bois de violette dans son atelier. L'inventaire de Oeben a été fait par des hommes de métier (Vandercruze, Dubois, Joubert, etc. ) on peut donc penser que les dénominations des bois sont exactes ; il y a beaucoup plus d'amarante que de bois de violette. Roubo ne nous renseigne pas sur ce bois violet avec beaucoup plus d'exactitude. Il semble penser que le bois violet est du palissandre. Par contre l'inventaire de Joubert (1775) énumère un certain nombre de meubles en bois de violette, alors que celui de Roussel (1783) ne parle que de bois violet.

Les meubles conservés dans les musées peuvent beaucoup mieux, que les textes confus des inventaires, nous renseigner sur l'utilisation du bois de violette au XVIIIème siècle. Comme l'amarante, le bois de violette est fréquemment utilisé pour encadrer un panneau de bois plus clair, tel le bois de rose ou satiné. Le Louvre possède une commode, non signée, des environs de 1715 dont la façade est plaquée de losanges de bois de violette. Le Musée des Arts décoratifs présente une armoire de Cressent (vers 1725) plaquée de bois de violette. Entre 1745 et 1765, le bois de violette a été employé par Dubois pour un bureau plat, par B. V. R. B. pour une table à écrire, par Oeben, par Gilles Joubert.

Des meubles beaucoup moins prestigieux que ceux faits pour la Couronne incorporent aussi le bois de violette dans les placages des meubles. Tels sont, au Musée Cognac-Jay, une grande commode de R. V. L. C. et un petit bureau à abattant.

A la fin du siècle vers 1780 un secrétaire d'Etienne Avril est un bon témoignage de la production courante : le placage de bois de rose est souligné par un encadrement en bois de violette égayé par un filet de buis.

Il semble que pendant longtemps, au moins jusqu'au milieu du XIXème siècle, le bois de violette ait été appelé bois violet, tout comme le palissandre ou l'amarante, et que ce n'est qu'au cours du XXème siècle que la différence a été bien établie entre ces bois grâce à des publications récentes et scientifiques.


Sources bibliographiques


"Les bois d'ébénisterie dans le mobilier français"
Jacqueline Viaux-Locquin
Paris, Léonce Laget - 1997


"Bois"
Essences et variétés
Jean Giullano
Editions H. Vial - 1996