Amourette

Brosimum guianense - Piratinera guianensis
(Moraceae)




Beaucoup de confusion règne sur la dénomination de l'amourette. En anglais on l'appelle snakewood, or en français, le bois serpent est un tout autre bois (Marmaroxylon racemosum). Si l'amourette porte couramment le nom de bois de lettre moucheté, le satiné (Brosimum parnense) s'appelle bois de lettre rouge. Dans les manuels d'ébénsiterie du XVIIIème et XIXème siècle, l'amourette est aussi désignée sous le nom de "Lapiré" et "Tapiré", et fait partie des bois dit "bois de Cayenne".

Habitat : Guyanes, Antilles

Caractéristiques : Densité : 1.20 à 1.40, dur et lourd (un des bois les plus lourds du monde).

Hauteur de l'arbre : 30 à 40 mètres.

Couleur :


Fond rouge et quelquefois jaune parsemé de taches noires plus ou moins fines parfois très régulières et très régulièrement disposées faisant penser aux idéogrammes chinois, d'où son nom bois de lettre. Grain serré, très résistant, acquiert un beau poli.

Utilisation :

Ce bois n'a jamais été très courant et a toujours été très estimé. Très rare dans les régions côtières de la Guyane, on trouve le meilleur bois dans les hautes forêts de l'intérieur ; son peuplement est très sporadique, il est estimé à 5 arbres sur 10.000. Il a servi en Guyane dès le XVIIè siècle de moyen de paiement . On en importait seulement de petites quantités et c'est sans doute pour cela que dans la documentation dont nous disposons, il n'est jamais désigné nommément. Dans les listes d'importation de la Compagnie des Indes, sous des termes très vagues, tel bois de Cayenne ou bois rouge on groupe toutes sortes de bois encore peu connus en Europe.

Il semble que l'amourette soit connue dans les régions côtières où les artisans ont employé très tôt en massif des bois exotiques. Au XVIIIè siècle, l'amourette est pourtant signalée par Savary des Brulons, par Valmont de Bomare et par Roubo. Certains ébénistes en possèdent dans leur atelier, en 1718, Ferlu en 1783, Roussel. Il est cependant difficile de trouver des meubles du XVIIIè siècle où l'emploi de ce bois soit attesté.

Au XIXè siècle, sous des noms divers, les manuels d'ébénisterie citent l'amourette. Dans la plupart des cas, son emploi est limité à l'incrustation. A l'Exposition de 1834, A. Jacob-Desmalter présente un bureau cylindre où la caisse inférieure utilise en incrustation du "bois de lettre" et de l'amarante. En 1855, Grohé expose une jardinière en amourette incrustée de lapis-lazuli et de filets d'ébène. L'amourette est un des bois figurant dans les produits envoyés par les colonies à l'Exposition de 1879 un cabinet en placage d'amourette sur un bâti de chêne.

Au XXè siècle, l'amourette continue à être utilisée par quelques créateurs. Le Musée d'Orsay possède plusieurs oeuvres de Majorelle où figure de l'amourette : un bureau et une bibliothèque aux orchidées, un lit et une table de chevet aux nénuphars. Le musée des arts décoratifs présente un secrétaire de Léon Jallot en bois d'amourette et d'amboine poli et verni. Montagnac combine l'emploi de l'amourette avec de l'amboine et du palissandre pour une table.

En 1931, il existait des stocks d'amourette chez les marchands de bois. La France en importait de Guyane 30 à 40 tonnes par an ; le prix du bois au kilo variait de 3 à 8 francs selon la quantité.
Étant donné ses faibles dimensions et son prix élevé, l'amourette a été rarement utilisée autrement que pour des détails d'ornementation ; sa dureté a été mise à profit pour les montants des sièges ; mais la plupart du temps on réserve ce bois à la fabrication de petits objets. Ainsi, des cannes en amourette sont fabriquées en Guyane et elles sont très à la mode en France, à la "Belle Époque".
A l'heure actuelle, ce bois est encore très recherché mais seule le joaillerie l'emploie à l'égal du santal, pour sertir des pierres semi-précieuses.